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Théâtre

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Ça sent l'eucalyptus

ou comment je suis devenue bûcheronne

  

Seule en scène, 2022

Atelier Théâtre actuel / L'Iliaque

80 minutes

Résumé

VRAI ou FAUX :
– L’eucalyptus sert essentiellement à déboucher le nez et désinfecter les toilettes.
– Les arbres ne craquent que pendant les intempéries.
– Le handicap physique est toujours visible.
– Seules les personnes droguées prennent de l’opium.

Dans « Ça sent l’eucalyptus », Marjolaine vous apporte ses réponses remplies d’autodérision désopilante. C’est son histoire, un drame comique autobiographique, improbable, un destin chamboulé par une chute d’eucalyptus camaldulensis. Marjolaine, écrasée par cet arbre, nous livre dans un humour grinçant son accident, les étapes de sa reconstruction et l’acceptation de son handicap invisible.

Distribution

Texte François Szabowski et Marjolaine Pottlitzer
Mise en scène Eric Desport
Interprétation Marjolaine Pottlitzer
Collaboration artistique Marion Mezadorian
Lumières Luc Khiari

Note d'intention

 

La première fois que Marjolaine m’a parlé de son accident, et du handicap dont elle souffrait, c’était dans une poissonnerie, à Bruxelles, qui avait été réinvestie pour un événement culturel autour du court-métrage. J’appréciais Marjolaine pour ses talents de comédienne, et particulièrement à cause de ce contraste intéressant : je l’avais beaucoup vue dans des rôles de femmes dures, intransigeantes, qui étaient à l’opposé de ce qu’elle dégageait hors de la scène.

Quand elle m’a raconté son histoire, j’ai constaté le même paradoxe : les aspects les plus douloureux étaient évoqués avec dérision, les multiples erreurs de prise en charge médicales décrites comme une suite de péripéties désopilantes, et l’accident en lui-même, dans son récit, ressemblait à un cartoon. À l’écouter d’une oreille distraite, on aurait dit qu’il ne lui était rien arrivé de très grave.

Ce qui n’était pas le cas : son handicap, bien qu’invisible, était très entravant. Rien de tout cela n’était léger, et il me semblait distinguer, derrière ce voile de légèreté, une colère que le travail qu’elle avait effectué depuis dix ans avait consisté à s’efforcer vaille que vaille d’étouffer. Aussi, quand elle m’a proposé d’écrire avec elle un spectacle pour raconter cette histoire, son histoire, j’ai tout de suite vu en quoi son projet allait me correspondre, moi dont le travail - aussi bien dans mes romans que dans mes films - reposait sur le sens du paradoxe, du contrepied et de l’humour noir.

L’enjeu de l’écriture était bien sûr de respecter cette démarche qu’avait eue Marjolaine, de partir d’une matière biographique traumatique pour produire un objet comique. Mais aussi, pour moi, de dégager de cette mise à distance ironique une zone de colère - celle que Marjolaine, depuis dix ans, avait dû évacuer, étouffer, pour se reconstruire après l’accident. Et qui, d’une certaine façon, éludait l’injustice dont elle avait à mon sens été victime.

À trop ironiser sur ces douleurs, je voyais le risque de minimiser ce qui lui était arrivé. Et donc, en éludant ses douleurs, sa personne, de réduire l’intérêt que pourrait avoir le récit pour le public. Il fallait pour ce narrateur la mauvaise humeur d’un François Rollin, la noirceur mordante et mélancolique d’un Pierre Desproges, ou la fausse placidité d’une Blanche Gardin. Autant de caractéristiques qui étaient absentes de la façon qu’avait naturellement Marjolaine de narrer son histoire. Pour faire entendre la voix de Marjolaine au travers d’une voix un peu différente de la sienne : celle d’un personnage, qui raconterait son histoire depuis un autre endroit de son cœur.

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